Vous conviendrez que se décrire soi-même n’est pas une chose aisée. Je vais donc tenter de parler de moi-même comme le ferait une autre personne. Par où commencer ? Hmm… Parlons tout d’abord de mon allure générale… Je ne suis pas bien grande pour mes 28 ans. Je suis extrêmement maigre. Pourrait-on dire que je suis anorexique ? Hmm… Je ne sais pas, en tout cas nous allons dire que j’en suis très proche.

Venons-en aux détails… Mes yeux sont d’une couleur quasi identique à celle de mes cheveux ? Comment sont-ils ? Hmm… Eh bien, durant ma jeunesse, je les ai teints en noir. Pourquoi ? Je ne sais plus très bien… Je les porte courts, pour mon simple confort : je n’aime pas avoir que ma vue soit brouillée par quelques mèches rebelles qui viendraient, pour mon plus grand désespoir, se poser sur mes yeux ; ce qui aurait pour conséquence de m’empêcher, notamment, d’écrire mes romans comme il se doit.

Ensuite, parlons un peu de mon style vestimentaire, mais juste un peu car il n’a rien de vraiment spécial. Je porte des vêtements assez emple, pour la simple et bonne raison que je n’aime pas me sentir serrée dans mes habits, mais attention : ceux-ci sont exclusivement de couleurs foncées. Pourquoi ? Hmm… Sûrement pour refléter ce que je suis au plus profond de moi, une schyzophrène agressive, méfiante, froide et solitaire. Malgré ces quelques défauts qui me posent beaucoup de problèmes, j’ai aussi quelques qualités : je suis calme, réfléchie, attentive, combattante et perfectionniste ; même si mon perfectionnisme est limite maladif ce qui fait que c'est plus un défaut qu'une qualité... Pour le reste, c’est à vous de juger…

Qu’est-ce qu’il se passe dans la tête d’une schizophrène ? Hmm… Eh bien, c’est assez difficile à décrire. Pour ma part, suite à certains évènements plutôt douloureux de mon enfance, j’ai commencé à me renfermer sur moi-même. Par moments, je peux me montrer très gentille, mais pour une raison quelconque, quoi que même sans aucune raison, je peux devenir insupportable… Dans quel sens ? Eh bien, il m’arrive parfois de lancer un regard noir à une personne qui m’a aidée quelques minutes auparavant. Je me mets aussi souvent à hurler au lieu de parler normalement. Pourquoi ? Hmm… Je pense que c’est avant tout pour me faire entendre, car oui, j’ai constamment l’impression que l’on ne m’écoute pas. Je me sens comme confinée dans une bulle infernale dont je ne peux m’échapper... Ce monde me rend complètement folle… J’ai peur du regard des autres… On dirait qu’ils veulent… Comment dire ? Me dévorer ? Oui, c’est à peu près cela… Les humains me font peur, réellement peur.

Que se passe-t-il lors d’une crise de schizophrénie ? Tout d’abord, ma gorge se noue, je ne parviens plus à communiquer. Je perds alors toute rationalité. Le moindre chuchotement devient insupportable, comme si c’était plutôt des hurlements que des chuchotements… Les voix humaines, leurs échos, m’assourdissent… En cas de crise, je ne supporte plus le moindre bruit. La seule chose qui peut me calmer est le silence complet. Dans ces cas là, je me recroqueville souvent sur moi-même, les mains sur les oreilles, faisant le vide dans mon esprit. L’obscurité, ma plus grande hantise. J’entends souvent des bruits durant la nuit et je vois comme des ombres malveillantes se dresser à mes côtés. Il paraît toutes ces choses proviennent de mon imagination, mais j’ai des doutes. J’ai déjà senti plusieurs fois que l’on me touchait dans mon sommeil et je ne peux tout de même pas être folle au point de m’imaginer de telles choses, n’est-ce pas ?

Hmm… C’est le moment que j’aime le moins : parler de ma vie avant mon arrivée ici. Eh bien, pour faire simple, j’ai vais vous raconter tout ce qu’il s’est passé, depuis le jour de ma naissance jusqu’à aujourd’hui, comme je le ferais pour l’un de mes romans. Bien, commençons…

THE BEGINNING. Cassandra naquit lors d’une journée d’automne particulièrement froide en 1982, plus précisément le six septembre. Elle était la troisième enfant de la famille Lewis. Son enfance se passa tout à fait normalement, elle menait une vie heureuse, paisible même. Malgré l’éducation stricte que son père lui inculquait, elle gardait le sourire quoi qu’il arrive, qu’importe les malheurs qu’elle pouvait entrapercevoir autour d’elle.

Malheureusement, à l’aube de ses dix ans, sa petite vie tranquille se transforma en un véritable cauchemar. En effet, le père de l’enfant était partit pour une destination inconnue. Très vite, il fut remplacé par un autre homme, débarquant de nulle-part avec son fils. C’est à ce moment là que tout bascula véritablement… Le nouveau chef de famille n’hésitait pas, quand cela s’avérait nécessaire, à frapper les enfants de sa nouvelle compagne. Bien sûr, il ne les battait pas pour mauvaise conduite. Non, ce n’était pas cela, la raison était bien différente… La vaisselle n’était pas lavée ? La punition était de mise. La mère de Cassandra, bien trop aveuglée par son amour pour le violent homme, le laissait faire sans broncher ; à moins qu’elle n’ait simplement eu peur de subir le même châtiment que ses enfants si elle s'opposait à sa manière d'éducation quelque peu monstrueuse...

Cassandra commença alors peu à peu à se détacher de ses études. A quoi bon étudier ? Après tout cela était si compliqué. Elle négligea quelque peu ses travaux scolaires, jusqu’à ne plus les faire du tout. Si elle s’était contentée de ne faire que cela, les conséquences auraient sûrement été moins terribles, car la jeune fille refusa même de s’atteler aux tâches ménagères. Conséquence : elle se faisait battre par son beau-père de plus en plus souvent et de plus en plus violemment. Autre conséquence, elle se mit à se replier sur elle-même, ne sortant presque plus de sa chambre, parlant de moins en moins, même avec les autres enfants de la maison.

Lorsqu’elle eut vingt-et-un ans, les médecins annoncèrent à sa mère, alors totalement dépitée, que sa fille était atteinte de schizophrénie de type paranoïde. Aussitôt que l’on posait les yeux sur Cassandra, celle-ci haussait le ton, agressait verbalement la personne qui l’avait regardée sans même lui avoir adressé la parole, avant de s’enfermer à nouveau dans sa petite bulle protectrice.

Lorsqu’elle eu vingt trois ans, elle quitta le domicile familial, avec le peu d’affaires qui lui appartenaient. Elle erra durant cinq longues années, changeant constamment d’appartement, de peur que son beau-père ne la retrouve et la frappe à nouveau.

Un jour, marchant dans les rues les plus insalubres du Nevada, une enseigne lumineuse attira son attention. Elle plissa les yeux pour lire ce qu’il y était écrit. Elle venait de découvrir cet endroit que tout le monde ici connaît, car il y vit à l’heure actuelle : l’hôtel Dusk. C’était le refuge idéal. Personne, encore moins sa famille, ne pourrait se douter qu’elle se serait cachée là. Dans ce petit hôtel chaleureux, perdu au milieu de cette grande ville miteuse. Là, elle serait en sécurité. Du moins, c’est ce qu’elle croyait… THE END.

C’est ainsi que s’achève mon histoire… Aujourd’hui, je vis toujours à l’hôtel Dusk, ma famille ne m’a toujours pas retrouvé, mais j’ai parfois fait d’effroyables rencontres. Ici, c’est comme partout. Il y a les gens gentils et les gens méchants, mais je me demande parfois lesquels sont les plus présents ici. Je pense que je le découvrirai bien assez tôt… Pour le moment, il ne m’est encore rien arrivé de vraiment atroce, je n’ai plus été battue par qui que ce soit, mais je sais que tout cela n’est pas encore fini, je sais qu’un jour mon beau-père me retrouvera et me frappera à nouveau et, si ce n’est pas le cas, j’ai la conviction que je rencontrerai, un jour, quelqu’un qui le fera à sa place, car oui, je sais que tout cette histoire n’est pas terminée, car après tout, dans ce monde, le monde de humains, les évènements horribles que la vie peut nous donner, se succèdent les uns après les autres et nous détruisent tous, petit à petit… Retrouverais-je un jour ma vie heureuse d’autrefois ? Hmm… Eh bien, comme on dit : « l’espoir fait vivre ».

TO BE CONTINUED…