Noel arrivait à grand pas. Et Frances, elle détestait Noel. Cela faisait une semaine qu’elle tirait une tête de trois mètres de long, persuadée que cette journée serait comme toute les autres même si tout le monde dans l’hôtel semblait rempli de joie et prêts à faire la fête. Todd n’arrêtait pas de lui répéter que même si cette fête était complètement stupide et dénuée d’intérêt, elle pourrait au moins faire un effort pour paraître enthousiaste. Mais Frances détestait recevoir des ordres et par-dessus tout, qu’on la force à faire quelque chose qu’elle ne voulait pas. Elle avait un caractère épouvantable lorsqu’elle s’y mettait, tout le monde le savait, mais Todd avait tous les moyens du monde pour la faire sourire, en passant par des blagues, aux câlins pour finir sous la couette après une dispute anodine.
Enfin bref, l’hôtel était en effervescence. Les habitants préparaient une fête pour le 24 au soir. Certains aidaient la cuisinière, d’autres préparaient la salle, certains s’occupaient de la musique et d’autres couraient après des canards. Cette ambiance bon enfant énervait au plus haut point Frances. Pourquoi fêter l’anniversaire d’un mec mort y’a 4000 ans ? Pourquoi à cette occasion s’offrir des cadeaux inutiles et qui vont finir sous le lit, sans aucun intérêt ? Décidemment, Frances détestait cette fête et toute cette période. Tout le monde parlait de cadeaux, de Santa Claus etc.
L’hiver étend son manteau blanc. La neige venait émerveiller petits et grands.
L’après-midi du 24 la jeune femme prenait sa douche dans sa chambre quand elle entendit brusquement la porte claquer. Son cher et tendre, entra dans la salle de bain, un bleu sur la clavicule, et la joue rouge. Paniquée, Frances sortit de la douche, s’enroula une serviette autour d’elle et vint à la pêche aux informations.
- Todd ! Qu’est-ce qu’il s’est passé, encore ?
- Rien… Rien, je me suis embrouillé avec Nathaniel…
La jeune femme prit la trousse à pharmacie et en sortit divers objets destinés au soigner le mal de son homme, qui devait s’être battu et s’être fait arrêter par le flic anglais, comme d’habitude.
- Pardon ? Me dis pas que tu t’es battu avec lui…
- Si. Et… Il à décidé d’annuler la fête de Noel. C’est d’ma faute…
Bien que contente, Frances sentait la culpabilité dans la voix de Todd. Il semblait si triste d’avoir fait ça, il regrettait vraiment d’avoir foutu en l’air cette foutue fête.
- Ok, ne t’inquiète pas, je vais aller lui parler.
- Non, surtout pas, Frances, je ne veux pas que tu ailles parler à ce…
- Chut. Contente-toi de te reposer… Tu en as besoin, je crois.
Déposant un baiser sur les lèvres de son amant, Frances se dirigea dans la chambre, s’habiller et se préparer. Elle allait réparer les erreurs de Todd, afin de lui rendre le sourire.
Les pièces pleines d’habitants préparant la fête étaient maintenant vides, tout laissé en chantier, comme si tout le monde s’était évaporé, laissant tout en plan.
- Quelle idée aussi, de s’embrouiller avec Nath…
Frances se dirigea vers la grande salle ou une banderole avec écrit « Joyeux Noel » en gros gisait sur le sol. La grande table en bois disposée au milieu de la pièce était couverte d’assiettes en cartons empilées, de gobelets en plastiques, et de serviettes en papier. Le coin de la pièce était habité par des bouteilles et de ballons de baudruches gonflés sur le sol. Le paquet des ballons gisait à côté de la banderole, accompagné de confettis.
- On ne va pas laisser ça comme ça, j’espère…
Nathaniel était assez influent pour que tout le monde arrête de préparer la fête. Ainsi, tout était resté comme ça, attendant le passage des agents de propreté.
Prise d’indignation, et de courage, Frances surpassa son dégoût et s’empara d’une serviette et d’un stylo où elle écrivit les tâches à accomplir pour finir la décoration de la salle, toute seule. Sa première étape consistait à récupérer les clefs de la salle et de la cuisine, afin d’être tranquille pour tout préparer. Elle se leva alors et se dirigea vers la sortie lorsqu’elle entendit une voix qui visiblement appelait quelqu’un.
Interpellée, Frances suivit cette voix jusqu’à entendre distinctement un « Pignoooon, reviens ici ! ». Le brouillard se leva et Frances reconnu Jamie McCravatt, à genoux dans les escaliers, appelant désespérément son canard, sur le haut de la rampe.
- Jamie ? Qu’est-ce tu fais là ? Tu n’es pas sensé être dans ta chambre, après l’annulation de la fête ?
Le jeune homme se releva en vitesse, étonné.
- Je peux.. Te poser la même question !
- Tu veux récupérer Pignon ?
- Oui… Il à les clefs passe-partout ! Je… Je dois les rendre sinon…
Les clefs passe-partout ? Frances se serait jetée sur ce piaf si Jamie n’avait pas été dans les parages. Celui-ci se releva et Pignon finit par redescendre de son plein gré, la fameuse clef dans le bec.
- Et toi ? Pourquoi tu es là, Frances ?
- Je voulais les clefs, justement. Je voulais finir de préparer la salle pour la fê…
- Nathaniel à interdit de continuer la fête.
- Ce n’est pas juste ! Tout ça parce qu’il s’est disputé avec Todd !
- Justement, il utilise le « tout le monde est puni » ! Matt fait ça aussi des fois, avec ses poupées et même que…
- Je ne tiens pas spécialement à savoir. Est-ce que… Hm… Tu voudrais m’aider ?
La sociabilité n’était pas le fort de Frances, mais elle pensait que ce fermier pourrait l’aider, il semblait dynamique et Pignon assez utile pour chaparder quelques petits objets fort utilisables. Pignon monta sur l’épaule de Jamie qui lui avait la bouche en O, sans doute ne s’attendant pas à une telle proposition. Puis il finit par reprendre la parole :
- D’accord !
- Vraiment ?
- Oui ! Qu’est-ce que je peux faire pour t’aider ?
Il semblait vraiment enthousiaste à l’idée de sauver la fête. Frances pointa alors la clef dans le bec de Pignon avec son index, faisant signe qu’elle en aurait besoin.
- Histoire de ne pas être dérangés, pendant que l’on prépare la fête.
Jamie hocha la tête et parlant à son canard, il finit par lâcher la clef dans la main de son maître qui la tendit avec Frances, un grand sourire aux lèvres. Ce sourire était si communicatif que Frances sourit aussi, se dirigeant vers la salle.
- Quelle est la prochaine étape, Frances ?
- Hé bien, nous devrions commencer… Par dresser la table. Je vais m’en occuper, mais peux-tu gonfler des ballons, et les accrocher aux chaises, s’il te plait ?
- Bien sûr ! Pignon est une excellente pompe quand il veut !
- Ne... Ne gonfle pas Pignon, hein !
Jamie s’en alla joyeusement vers la pompe à air qui servait à gonfler les ballons. Frances posa les assiettes, les verres et les serviettes par terre, dressant une nappe de papier blanc sur la table en bois. Puis, recevant quelques plumes de Pignon, elle renversa quelques confettis sur la nappe, disposa les assiettes sur la table, avec plusieurs rangées de verres et des serviettes à côté. Une fois satisfaite, elle alla rejoindre Jamie pour gonfler des ballons. S’ensuivit une bataille avec la pompe, celui qui se soufflerait le plus dessus gagnerait et Jamie gagna haut la main avec Pignon qui sauta accidentellement que la pompe lorsque ce fut le tour de Frances. Une fois tous les ballons gonflés, Jamie alla les attacher sur chaque chaise, tandis que Frances en mettait de chaque côté de la banderole.
- On peut mettre la banderole ? Dit, on peut, Frances ?!
- Oui, ça va, prend une chaise et aide moi à la monter en haut de la porte !
En ouvrant la porte pour installer la banderole, les deux jeunes tombèrent nez à nez avec Nathaniel, revenus sur les lieux.
- Qu’est-ce… Qu’est-ce que vous faites là ? La fête à été annulée à cause de ton mec, Keegan !
- Hé ! Il regrette ok ? Il regrette ! Et je viens réparer vos conneries ! Regarde !
- C’est… C’est vrai !
Frances désigna la salle, propre et préparée. Nathaniel ouvrit grand les yeux, semblant hésiter entre la colère, l’indignation et l’admiration. Il se calma alors, rit légèrement et recula un peu.
- Je croyais que tu n’aimais pas Noel, Keegan ?
- Je déteste Noel.
- T’AIMES PAS NOEL?!
- Alors pourquoi tu te donnes autant de mal ?
- Pour Todd.
La jeune femme avait répondu cela du tac au tac, sans même y réfléchir, tellement elle était convaincue de sa bonne foi. Nathaniel répondit donc avec un rictus mi amusé mi moqueur ;
- Et aurais-tu besoin d’aide ?
- Je croyais que tu avais annulé la fête ?
- J’ai annulé ma décision. Il faut mettre la banderole au dessus de la porte ?
Etonnée par cette réaction, Frances eut un léger rire, tandis que Jamie sautillait d’excitation. Ils mirent la banderole tous les deux et une fois fini, Frances ferma la porte de la salle pour que personne ne remarque que quelqu’un avait fini le travail.
- Qu’est-ce qu’on doit faire, maintenant, Frances ? demanda Jamie.
- On doit finir la cuisine.
- En fait, nous avons tout ce qu’il faut. Tanis à préparé des cookies qu’il faudra mettre dans les assiettes. Une bûche à été préparée par la cusinière, je crois, déclara Nathaniel après une longue réflexion.
- Vraiment ? Alons jeter un coup d’œil.
En entrant dans la cuisine, la bonne odeur des cookies frappa les trois protagonistes, qui devaient faire un effort pour ne pas se jeter dessus.
- Tanis est très doué ! s’exclama Frances.
- Oui, très ! J’en prendrais bien un petit b…
- Non, Jamie. Toi tu les prend et tu vas les mettre dans les assiettes en carton. Voilà la clef.
- T’es sûre de ce que tu fais, Keegan.. ?
- OUI, D’ACCORD !
Jamie s’empara du plat de cookies et sortit de la cuisine en y faisant voler tout ce qu’il passait.
- NE MANGE PAS TOUT !
- Ouiiiiiiiii… !
- Et tu le crois en plus ?
- Toi ne me chauffe pas. Tu as blessé Todd.
- Il l’a cherché.
- TU l’as cherché.
- Tu sais au moins ce qu’il s’est passé ?
…
- TU l’as cherché !
- Très bien si tu le dis ! Vas chercher la bûche, Matt àdu la mettre au frig…
Vous et moi, nous savons parfaitement comment finit de la glace dans un frigo et cette pensée frappa Nathaniel qui se cogna la tête contre le mur en répétant « Imbécile, imbécile, imbécile ! ».
- On est bons pour refaire une bûche tous les deux.
- Tu vas me supporter ?
- Va falloir.
Nathaniel s’empara alors d’un livre de cuisine et fit signe à Frances de le rejoindre.
- T’es prête ? C’est parti.
*****
- Bon sang ! Vous avez fait ça sans nous ?!
Les invités venaient d’arriver. Il était 20 heures 30.
Alexis, Arthur, Ryann, James, Eileen, Tanis, tout le monde était réuni pour la fête. De la musique battait à plein rythme et Jamie courait encore après Pignon. Voyant la bûche sur la table, Matt s’approcha de Frances :
- Hey ma belle, elle est belle ma bûche, hein ?
- Tu parles de celle qui à fondu ou de celle que j’ai faite ?
Frances 1 – Mat 0. Vexé, il retourna dans la salle ou tout le monde, émerveillé commentaient l’organisation, plaisantaient et se disputaient. C’était ça, la vie en communauté. Mais une personne cruciale manquait à la fête.
Et cette personne finit par franchir la porte de la salle. Son regard fut attiré par sa belle, assise à la table.
Todd.
- Frances !
- Todd !
- Tu… C’est toi qui à fait ça ?
- Tu vois ! Tu n’avais pas de raisons de t’inquiéter !
- Tu… T’as passé l’après-midi avec Nathaniel ?
- Et Jamie.
Frances vit passer une certaine gêne dans les yeux de son petit ami mais il finit par sourire.
- Merci.
- De rien, je t’aime.
-
C'est le miracle de Noël, tous les enfants s'émerveillent ! se mit à chanter Tanis.
La fête battait son plein. Il était 23 heures 50 lorsqu’un Matt bourré monta sur la table et commença à retirer son pantalon. Il fut évacué par Arthur et Jamie, l’un énervé, l’autre paniqué. Après cet évènement, Todd se mot au milieu de la salle, semblant quelques peu gêné. Il chercha Frances des yeux et une fois qu’il croisa son regard
- Frances, il faut qu’on parle.
- Tu as décidé de rentrer à la maison ?
- Non… Ecoute, il faut que je te dise quelque chose.
Inquiète, Frances chercha une réponse dans le regard son son petit-ami. Que pouvait-il bien vouloir lui demander.
- Frances, ça fait trois ans qu’on est ensemble et…
Le cœur de la jeune femme se mit à battre à 100 à l’heure, paniquée. Avait-elle fait quelque chose de mal ? Allait-elle le regretter ?
- J’ai vécu les plus belles années à tes côtés et c’est pour ça qu’aujourd’hui…
Oh mon dieu. Il en à trouvé une autre ?
- Veux-tu m’épouser ?
Arrêt sur image. Arrêt dans le temps. Deux ou trois invités entendirent cette demandent et retinrent leurs souffle en même temps que Todd. Frances avait le cerveau embrouillé. Il venait de la demander en mariage, le soir de Noel. Le soir de Noel !
Frances n’avait même pas besoin de réfléchir.
- Oui !
C’est alors qu’on entendit l’horloge du hall sonner les douze coups de minuit. Tout le monde se sauta dans les bras, à commencer par Todd et Frances, au comble de la joie, certains applaudirent, d’autres pleuraient.
Les cloches sonnent, c'est Noël.