Sylver avait pris son carnet de notes et son carnet de dessins, et alla au bar.

Wat's else ?

Sylver profita du calme de la fin de l' après midi pour coucher sur papier un scénario plausible pour son prochain roman.

Le barman : " vous désirez boire quelque chose, monsieur ? "

Sylver : " Un rhum brun nature... Bien tassé et sans glaçon. Merci..."

Le barman : " Bien monsieur."

Puis, il prit son carnet de dessins, et commença à faire naitre, sous son crayon, un quai et un voilier. L' ensemble commençait à prendre forme : un ponton, fait de bois brut, des tonneaux et des caisses entassés, une mouette virevoltant au dessus de l' onde iodée, puis la goélette, fine, élégante, qui semblait attendre le voyageur.

Le barman : " C' est magnifique, monsieur."

Sylver : " J' illustre moi même mes romans, ça m' évite de devoir payer des droits d' auteur..."

Le barman : " Voici votre rhum, monsieur."

Sylver : " Merci. Les bars de Cuba sont uniques, les rhums locaux sont uniques, rien à voir avec ce qui est vendu par ici. Et que dire des fameux cigares de Cuba. J' ai la nostalgie de ces pays exotiques."

Le barman retourna à son travail. Les dernières phrases de Sylver lui donnèrent de l' inspiration, et il coucha ses idées sur son carnet de notes.

Sylver se sentait un peu seul, dans ce grand bar, il aurait voullut y voir quelques vahinés, un orchestre de jazz, des danseurs argentins, des orchidées descendant en cascade, une fontaine, des gens... Des gens... Ou étaient ils ?
Regardant par la fenêtre, il imaginait un paysage maritime, l' océan, les oiseaux de mer, l' agitation d' un quai, l' arrivée d' un voilier, le départ d' un autre, les enfants jouant près de leurs mères dans un parc, les embruns iodés caressant doucement son visage...
Sylver commençait à s' ennuyer un peu, quand une autre personne arriva près de lui...

-Casser une fenêtre ? Non, je ne peux pas me permettre une telle chose dans cet hotel. Trouver le gérant et le menacer pour qu'il me laisse sortir ? Non, on est pas dans un film Américain... Comment sortir d'ici ?

Alors que j'étais assis sur mon fauteuil avec le regard fixe, je réflichissais à une solution pour m'échapper de cet hotel. Henri m'avait expliqué qu'il avait déjà tout tenté et qu'il fallait malheureusement se résoudre à la fatalité... Néanmoins je ne comptais pas passer ma vie ici.

-Il faut que je revois Henri, il a peut-être appris quelque chose de nouveau qui nous permettrait de sortir. Mais où peut-il bien se trouver ?

Je n'avais aucune idée du numéro de sa chambre, et d'ailleurs rien ne me garantissait qu'il était belle et bien dans sa chambre. Il ne me restait plus qu'à aller jeter un coup d'oeil au bar dans l'espoir qu'il soit un fervent de ce genre de lieu.
Après avoir mis ma cravatte et enfilé ma veste, je me dirigea vers le bar. Une fois sur les lieux, j'eus la même impression que la fois précédente, un bar "classique". Un comptoir métallique, quelques chaises arrondies posées devant et cinq ou six tables à proximité... Le gérant n'avais pas dû dépenser beaucoup d'argent pour faire faire la décoration du bar.
Henri n'était pas là. En revanche, un homme se trouvait face à moi assis au comptoir, crayon en main, regard dirigé vers la fenêtre. Que pouvait-il bien dessiner ? Je me rapprochai pour voir son croquis. C'était un quai où un voilier était accosté. Il venait tout juste d'attaquer son dessin mais on pouvait déjà prévoir la réussite du résultat final. Tout en m'asseyant à côté de lui, je lui dis :

-A en voir comment vous regardez cette fenêtre, vous aussi vous voulez vous échapper ?

L'homme se retourna et me regarda bizarrement. Il n'avait pas l'air de savoir de quoi je lui parlais. Il devait surement être nouveau ici.

-Hmm... Oubliez ce que je viens de vous dire. Je me présente, je me nomme Jayden Forland.

Le barman s'approcha de moi pour prendre ma commande lorsqu'il me reconnu :

[Barman] –Ah vous êtes l'ami de Mike ?

-Oui. Je vais prendre un...

[Barman] -Je me demandais, pour quelle raison s'est-il suicidé ?

-Je ne sais pas. Un scotch sil-vous-plait.

Le Barman, énervé, s'exécuta. Je me retournai vers l'homme et lui demandai :

-Vous avez déssiné un voilier... Soit vous êtes friand d'histoires telle que la découverte de l'Amérique ou le voyage de Magellan, soit vous adorez les pirates.

Sylver semblait rêver, lorsqu' un homme arriva au bar. Evasion, suicide... Tout cela est bien triste, mais la vie est cruelle.
Sylver se présenta au nouveau venu :

" - Enchanté, je me présente, Sylver Blackdog, écrivain. Oui, l' univers de mes livres est tournée vers le monde des pirates. Tenez, j' ai encore un exemplaire de mon dernier (titre : le timonier de l' enfer)."

Sylver se demandait pourquoi ce monsieur voulait s' évader, après tout, pour quitter l' hotel, il suffisait d' ouvrir la porte de sortie.
Puis il dit à son interlocuteur :

" - Au fait, comment vous appellez vous ?"

Puis il reprit son croquis, pas mécontent de lui et dit tout haut :

" - Je devrai peut être me lancer dans la bande dessinée, qu' en pensez vous ? Cela diversifierait mon style d' écriture..."

Lorsque le barman lui demanda s' il voulait un autre rhum, Sylver opina de la tête. Après tout, ce n' est pas deux verres qui allaient terrasser l' écrivain, lui qui était habitué à des soirées blindées en rhum, comme ses héros les pirates.
Il dit à Jayden :

" - Un autre scotch, cher ami ? C' est moi qui vous l' offre..."

-Le timonier de l'enfer... Quel curieux titre.

Je feuilletais son livre. Il contenait beaucoup d'illustrations, toutes se rapportant de près ou de loin à la piraterie. Ces dessins étaient très travaillés et produisaient souvent un sentiment d'aventure et de danger.
Je reposai le livre sur le comptoir puis engloutis d'un coup sec le scotch. C'est alors qu'il me dit :

-Je devrai peut être me lancer dans la bande dessinée, qu' en pensez vous ? Cela diversifierait mon style d' écriture...

-Ça serait en effet une très bonne idée de vous spécialiser dans le dessin. Mais dans ce cas, je vous conseille de vous éloigner de toute forme d'écriture. Vous devriez plutôt peindre ces bateaux et ces pirates sur des énormes toiles . Quoique maintenant avec l'art moderne, votre talent ne serait pas reconnu à sa juste valeur...

Le barman s'approcha de lui et lui demanda s' il voulait un autre rhum. Sylver accepta puis me proposa :

-Un autre scotch, cher ami ? C' est moi qui vous l' offre...

-Oui, bien volontiers. *Pourquoi à chaque fois que je vais dans un bar je ressors systématiquement saoul...*

Alors que le barman était repartit pour nous préparer notre commande, je demandai à Sylver :

-Au fait, pour quelle raison êtes-vous venu dans cet hotel ?

Sylver était amusé par la remarque de Jayden. Pourquoi être là ?

" - Pour quelle raison un écrivain arpente t' il les hotels, pourquoi voyage t' il, pourquoi va t' il dans divers pays, pourquoi ces croquis, ces notes ? Tout simplement l' inspiration, l' idée d' un livre, d' une illustration, voir d' un scénario. Certaines personnes, certains décors, des petits détails parfois... Tout cela apporte un petit plus à un roman. Voilà pourquoi je suis dans cet hotel, comme d' autres avant. Je ne saurai me satisfaire, pour écrire, de l' étroitesse d' une chambre ou même d' une maison au bord de l' océan..."

Sylver but une gorgée de son rhum, puis, sur un ton neutre, demanda à Jayden :

" - Et vous, pourquoi êtes vous ici ? "

Sylver but une gorgée de son rhum, puis, sur un ton neutre, demanda à Jayden :

-Et vous, pourquoi êtes-vous ici ?

Mike, l'affaire Mesa, la voiture brûlée, le message... Tout me revint subitement en pleine gueule. Ce 5 février 2008 maudit où il avait été tué par Mesa dans sa BMW noire. Et ce message ? Mike étant mort, qui aurait pu se faire passer pour lui pour m'amener dans cette hôtel ? Et surtout pour quelle raison ? Tant de questions, si peu de réponse. Si seulement je pouvais trouver le fumier qui a décidé de la mort de Mike... Parfois j'avais envie de loger une balle entre les deux yeux de tous ces animaux en voie de disparition qui n'étaient pas foutu de faire l'amour pour sauver leurs espèces... J'ai la sensation de n'être que la vengeance narquoise de Jayden.

Sylver attendait toujours une réponse de ma part. Qu'est-ce que je pouvais lui dire ? Qu'un homme mort m'avait envoyé une lettre me demandant de venir dans cet hôtel ? Il me prendrait pour un fou. Et si j'étais vraiment fou ? Et si tout ceci n'était que dans ma tête ? Non, il ne faut pas que je doute de moi, c'est justement ce que l'homme qui m'a envoyé ce message doit espérer. Je bus à mon tour une gorgée de mon scotch puis je lui répondis tout en fixant mon reflet dans le verre :

-Je... Je suis musicien. Je suis dans une période assez médiocre de ma carrière, alors je vais d'hôtel en hôtel dans l'espoir que l'on veuille de moi. Oui voilà, l'espoir d'être accepté par mes contemporains.