Câline ~ joueuse ~ attendrissante ~ innocente ~ enfantine. Mais aussi ~ capricieuse, menteuse ~ vicieuse ~ manipulatrice ~ autoritaire.

Elle aime: Son parapluie et ses bottes, le rouge, les glaces à la vanille, qu'on lui dise qu'elle est mignonne, son papa et ses frères/sœurs, l'humanité tout entière.

Elle n'aime pas: Les pantalons et les rangers, le violet, les choux de Bruxelles, qu'on l'ignore, Naomie Sutcliffe, l'ennui, Dieu.

Shelley, Shelley Scott. Quand on entend ce nom pour la première fois, on peut avoir tendance à le répéter une ou deux fois dans sa tête. Shelley, Shelley … Shelley Scott. Peut-être est-ce à cause de cette petite allitération en S, à moins que ce soit pour le côté un peu vieillot du prénom contrastant avec le commun du nom ou encore à cause du fait que celui-ci se termine brusquement par 't' percutant en comparaison avec la douceur du départ. Pour sa part, Shelley décrirait son nom comme « l'océan venant s'échouer sur des dunes de sables; derrière lesquelles on peut apercevoir une reposante petite plaine laissant finalement place à une montagne. »

Avec un nom et une description de cet acabit on pourrait alors s'attendre à une personne calme, charmante, innocente à vivre. Et à vrai dire quand on la rencontre pour la première fois, cette chère Shelley, elle répond parfaitement à cette description. Mignonne à croquer avec son regard enfantin, son parapluie et ses bottes rouges. Elle ne se lasse jamais de vous faire des câlins et de chatouilles, jouant avec vous autant par le corps que par l'expression, sans aucune pudeur ou timidité autre que feinte comme on retrouve souvent à cet âge-là. Elle est capable d'illuminer votre journée avec un simple rire ou une petite attention attendrissante et inattendue. Et c'est donc ainsi que la majorité des personnes la voit, innocente et enfantine. En bref, une ange haute comme trois pommes.

Mais lorsqu'on se penche un peu plus sur la demoiselle. On commence à remarquer quelques petites choses irrégulières. Un regard bref, un froncement de sourcil, une petite mimique de la bouche. Rien de réellement dérangeant, mais un petit regard quand on lui dit non, un froncement de sourcil lorsqu'on la contredit ou même simplement une petite mimique quand on lui dit qu'on doit partir. Petit à petit ce genre d'incident s'accumule, laissant deviner qu'il y autre chose derrière le masque d'innocence. Un choix s'impose alors. Ne rien changer, ignorer les petits détails embarrassant, se voiler la face pour rester dans une situation plus confortable, enfin bref, faire comme la masse. Car c'est effectivement le choix que la plupart prend. Prétextant qu'ils le font par politesse ou par amitié plutôt que par égoïsme ou peur. Toutefois il arrive parfois qu'une âme plus curieuse où tout simplement plus attachée à la demoiselle cherche à aller plus loin, voir derrière le voile.

En soit ce n'est pas que Shelley possède une deuxième personnalité, loin de là, mais plutôt qu'elle préfère camoufler une partie de son caractère intime au public. Cependant, une fois que la personne commence à vouloir franchir un nouveau pas avec la jeune fille, celle-ci se fait alors un plaisir de se révéler sous un nouveau jour. Autrefois douceur incarnée, elle devient caractérielle et possessive, n'hésitant pas à mentir, manipuler voir faire chanter les pauvres humains attirés afin qu'ils exaucent tous ses désirs, en se rendant coupable des pires vices si possible. Et quand enfin, après plusieurs caprices, ils puisent finalement assez de courage en eux pour lui résister. C'est pour se rendre compte que la douceur et la gentillesse innée de la demoiselle peuvent laisser place à une autorité digne d'une impératrice qui les fait alors immédiatement rentrer dans le rang.

Ainsi est-elle faite. Ombre et lumière mue par une volonté de fer. On pourrait presque dire qu'elle en devient humaine. Comportant tout comme eux sa part de jour et de nuit. Presque. Car aucun humain ne prendrait autant de plaisir à répandre le vice et à se jouer des autres.

Contrairement aux autres vices, la naissance du vice prit plus temps et cela pour une raison simple. Le fait qu'il soit né autant du chaos que de l'humanité en elle-même.

Chaos était heureux, le pêché avait été commis et les vices s'étaient répandus sur terre, corrompant l'essence même du divin humain et déformant tout y compris les paroles des fils de dieu. Le triomphe était total, la victoire définitive. Depuis son paradis céleste dieu avait finalement abandonné ses reflets, désemparé devant ce spectacle.
Sur terre on massacrait, violait, pillait. L'ordre apparaissait uniquement pour être englouti par le chaos. Rien ne perdurait excepté la violence devenue la loi unique de ce monde.
Et pourtant Chaos avait une impression d'inachevé, même sa préférée, Hazel, ne pouvait lui apporter la satisfaction qu'il cherchait dans ce macabre spectacle. Tout était … Éphémère, comme un film sans suspense. Il savait pertinemment à quoi s'attendre, mécaniquement les choses se répétaient sans réel changement autre que le nom des protagonistes.
Alors que Chaos songeait à cela, il aperçut un homme. Celui-ci vivait seul, il avait connu la joie, l'amour, la santé, bref le bonheur le plus total. Et soudain, tour à tour, les vices le lui avaient enlevé dans une sorte de danse macabre. Sa femme était partie avec un autre, son fils était mort de maladie, la vieillesse lui avait ravi sa force, son meilleur ami s'était révélé être la pire ordure. En clair rien ne lui restait. Et pourtant, au lieu de sombrer dans la mélancolie puis la mort comme l'aurait fait certain. L'homme avait été pris d'une folie vengeresse. Il avait répandu la maladie de son fils dans la maison de son ancien ami. Il avait traqué et tué sa femme, faisant croire l'amant responsable du meurtre. Provoqué la misère et la famine sur son village en brûlant les réserves pour se venger de leurs inactions. Et même après ça il continua encore et encore, répandant non pas un vice mais tous, sans aucune restriction, sans jamais arrêter, toujours de plus en plus retors et sans jamais éprouver le moindre remord.
Chaos fut inspiré par cette vision et ainsi lorsque la mort vint cueillir le pécheur, Chaos s'appropria l'âme alors qu'elle rejoignait son jugement dont la sentence avait déjà été décidée longtemps à l'avance. Là, dans un endroit où nulle lumière n'avait jamais existé. Chaos le dévora, savourant ce repas si unique.
De nouveau le temps passa. Mais chaos ne regardait plus ses enfants depuis les cieux. Il nourrissait sa nouvelle fille, celle qui était née dans son ventre des restes de l'homme. Vieillesse, guerre, folie, famine, maladie, tromperie, misère et passion. Les doses étaient sagement calculées mais toutes présentes. Pour finir et clore sa nouvelle création, il lui inséra un minuscule fragment de lui-même, afin de s'assurer que quoi qu'elle fasse, ils soient toujours reliés, leurs pensées toujours dirigées vers un but commun et que sa part humaine se taise, à jamais. Ainsi Chaos accoucha du vice des vices. Le dernier et ultime de ses enfants.

Il réunit alors les autres vices et leurs présenta leur nouvelle sœur. Déclarant qu'elle était la dernière et la plus jeune, mais taisant les secrets de sa création. De retour sur terre le nouveau vice ne mit pas longtemps avant de démontrer ses talents. Secondant la vieillesse, qui se mit alors à produire des plans dont personne ne comprenait les aboutissants avant l'heure finale. Pour sa part, en public, le dernier vice se taisait, chuchotant seulement parfois quelque chose à l'oreille du premier et plus rarement des autres. Certains la jugèrent inutile, ne comprenant guère pourquoi leur père lui accordait tant d'attention. Mais la vérité était tout autre. Laissant la place de leader au premier des vices, elle concoctait les plans retors dans son coin avant de les livrer à son grand-frère qui n'avait plus qu'à les appliquer en redistribuant les ordres. Pour sa part Chaos était comblé. Le spectacle était sublime. Les tenants et les aboutissants des histoires ne lui échappaient pas toujours et parfois il voyait clair à travers le jeu du neuvième. Mais le spectacle était toujours à la hauteur de ses attentes et pour la première fois de son existence, il se sentait, lui, le vide et le chaos … Comblé.


Le temps passa. Les années, puis les siècles et finalement les millénaires … Le groupe dans son entier se fit un plaisir fou de ravager et torturer les pauvres humains. Enfin presque dans son entier. Mais après tout la diversité apporte aussi son piment. Finalement, les vices commencèrent à se lasser de tout cela. Y compris le dernier. Ils avaient provoqué les pires guerres, fait naître les pires horreurs et admiré le résultat avant de les laisser souffler quelques temps pour immédiatement remettre une nouvelle fois la souffrance à l'ordre du jour. Mais après des siècles passés à faire encore et encore les mêmes choses, l'ennui s'immisça dans leurs petit train train.
Le dernier se mit alors en tête de chercher une nouvelle manière de se divertir. La réponse lui apparut finalement sous la forme la plus banale qui soit. Souvent elle s'était amusée à mélanger une brebis galeuse à un groupe de personne respectable pour admirer le résultat. Mais jamais, jamais elle n'avait pensé à remplacer cette personne. Prendre chair, une idée plus qu'intéressante pour un être qui n'avait jamais été matériel.
Ainsi le dernier fit part de sa découverte au premier. Emballé par cette idée, les autres se mirent aussitôt en devoir de chercher un corps leurs convenant avant de commencer leurs petites affaires chacun dans un coin du globe. Cependant le vice n'était pas satisfait de cela. Leurs plus grandes réussites avaient toujours été quand ils s'étaient alliés ensemble dans un but commun. Et avec les contraintes de la chair, le contrôle des humains à longue distance était tout à fait rendu impossible. Pendant quelque temps le dernier arpenta ainsi l'Amérique, pays natal de son corps d'emprunt, à la recherche d'un lieu capable d'accueillir ses frères et elle.
Elle trouva finalement ce lieu en la personne de l'hôtel Dusk, perdu en plein milieu du Nevada. Prévenant Vieillesse, elle lui ordonna de faire venir les autres, lui intimant d'expliquer la prochaine étape du plan. C'est ainsi que le groupe bien hétéroclite embarqua dans un van en direction de l’hôtel. Le voyage fut mouvementé et pour la première fois depuis le début ils ressemblèrent enfin quelque part à une vrai famille. Avec leurs affinités et leurs différences, leurs disputes et leurs ententes. A vrai dire, depuis le départ Shelley, le nom de son avatar de sang et de chair, savait que mettre Caïn et Nathaniel dans un espace de moins de 10 m² pour quelques milliers de kilomètre promettait du spectacle, mais cette fois-ci les deux dépassèrent complétement ses attentes, sans compter les autres. Cependant même le plus agréable des voyages doit avoir une fin et ainsi la fratrie des vices maintenant connue sous le nom de club des neufs arriva dans ce petit hôtel du Nevada. Impatient de commencer à tourmenter les humains.