Frances n’a pas vraiment caractère commun. Pour commencer, elle est très ironique, voire cynique, ce qui lui vaut souvent des remarques et quelques hostilités. En public, elle peut se comporter de façon vraiment étrange, peut rire de n’importe quoi, être réellement blessante, limite folle et provocatrice au possible. Mais lorsque l’on prend le temps de l’analyser, on se rend compte qu’elle est en réalité sensible, rêveuse et très ouverte. C'est une femme qui est du genre contradictoire, elle hait le mensonge mais peut en proférer plusieurs, et personne n'a rien le droit de lui dire! Elle est très determinée et ne s'arrêtera jamais avant d'avoir atteint son objectif. Elle peut être très douce comme elle peut être agressive, c'est une femme compliquée et elle l'assume complètement. Certaines personnes de son entourage murmureraient le mot "double personnalité" tellement cela semble flagrant et son ascenseur émotionnel étant réglé sur vitesse "extrêmement rapide".

Frances a eu une enfance heureuse entourée de son père et de sa mère. Fille unique, elle avait tout ce qu’elle désirait et ne se privait pas de ce privilège. Mais les bonnes choses ont une fin et tout se termina à ses quinze ans. Son père quitta la maison sans plus jamais donner de nouvelles. Si le choc était immense, il ne fut rien comparé à la venue de cet intrus quelques semaines plus tard. Comment ? Sa mère se remettait déjà avec quelqu’un ? Frances avala difficilement la pilule. Non seulement il débarqua dans sa maison, prenait la place de son père, mais il ramenait avec lui son rejeton. La jeune enfant perdit du jour au lendemain ses privilèges et du se farcir ce demi-frère. Elle lui faisait des mauvais coups, le brimait, l’ennuyait et… De fil en aiguille, cette haine se transforma en amour. L’adolescence, période de remise en question. Frances, pour sa part, se retrouva folle amoureuse de son demi-frère. Quelle veine ! Ce dernier finit par l’apprendre et… Contre toute attente, il ne la rejeta pas. Ils entamèrent alors une relation interdite, cachée aux yeux de tous. Le jour de ses vingt ans, malheureusement, la vérité éclata aux yeux de tous. Frances fut blessée de voir ce regard de dégoût dans les yeux de sa mère. Frances fut envoyée dans une école privée, histoire de calmer son esprit « malade ». Elle fit pire que mieux, devenant stripteaseuse, ratant les cours, insultant les enseignants. Elle décida il y a trois mois de tout quitter et il la suivit. Elle fit une fugue et plus personne n’a jamais entendu parler d’eux. Maintenant, ils vivent ensemble cet amour que personne ne comprenait. Papa était parti ouais. De toute façon, ils se détestaient. Mes parents, s'entend. Il avait du se trouver une petite minette et avait du partir. Je les entendait se disputer lorsque j'allais me coucher. Ma mère doutait souvent de sa fidélité, à tel point que mon père à du sûrement le devenir. Ma mère était une parano et mon père un infidèle. Ca ne m'avait jamais touchée. Je n'avais jamais voulu en savoir plus. L'estime que j'avais en mon père s'était évaporée en même temps que lui lorsqu'il avait passé la porte d'entrée.
Les années passèrent. Ma mère supportait de mieux en mieux le départ de mon père. Et elle s'absentait de plus en plus souvent. Si bien que j'avais souvent la maison pour moi toute seule. La tendresse qu'on m'avait apportée pendant toute mon enfance était également partie. J'étais seule. Ma mère passait ses nuits on-ne-sait-où. Elle rentrait le matin pour repartir quelques heures après travailler. Elle avait souvent des "dîners d'affaire". Mais l'odeur qu'elle ramenait à la maison était toujours la même.
Et un beau jour, il arriva. Ma mère m'emmena dans une maison que je n'avais jamais vue et où je ne voulais pas entrer. On me le présenta. Même si je haïssais mon père depuis qu'il était parti, je n'arrivais pas à accepter que quelqu'un pourrait le remplacer. Ce jour-là, ils m'annonçèrent aussi qu'ils allaient emménager ensemble. Et que l'"Autre" avait un fils, malade, qui n'allait pas tarder à rentrer. Je ne le connaissais pas, mais si il était malade, le petit fragile et innocent, c'est lui qui serait chouchouté. Moi je serais de côté à le surveiller, et lui, à cause de sa "maladie", il serait choyé... L'Autre que ma mère avait ramené, c'était un salaud, une ordure, je le détestais autant que je détestais son fils. Dès que je le pouvait, je m'amusais à lui rendre la vie infernale. Et il me détestais aussi on dirait. Il faisais souvent des examens, il devait prendre des médicaments à des heures fixes et au fur et à mesure, je me rendis compte qu'il était plus à plaindre qu'à haïr. Enfin, des fois il me faisait de la peine, alors j'étais gentille avec lui. Et plus j'étais gentille, plus il l'était aussi et j'avais droit à une nouvelle facette de sa personnalité. Depuis que j'avais emmenagé chez son père, chez son "chez lui", on se parlait normalement. Finalement, il n'était pas comme son père. Il était même très gentil. Et, je n'avais jamais remarqué, mais il était... Attirant, non? Et je finis par tomber amoureuse de lui. Ironique, hein? Et moi qui pensais qu'avec toute les crasses que je lui avait fait, il me repousserait du tac au tac. Même pas! Et ce fut un vrai bonheur. Vivre un amour caché avait quelque chose d'excitant non? Surtout sous une forme spéciale "d'inceste". Mais quand ils l'ont découvert, ils ne m'ont jamais pardonnée. Eux, c'est ma mère et l'autre. Je l'appellerait toujours comme ça. "L'autre." Je n'avais aucun respect pour lui et il me rendit la pareille en convaincant ma mère de m'envoyer en pension. On appelle ça "école privée", mais croyez moi, c'était une prison. Les seules fois où je sortait, c'était pour travailler. Enfin, "travailler", plutôt, me dévêtir devant des porcs. Je n'avais pas le choix, c'était la seule chose assez proche de l'école privée pour ne pas qu'on se rende compte que je m'enfuyais. Et puis, je me débrouillais pas mal. Et ça me faisait de l'argent. De l'argent pour le traitement de Todd, de l'argent pour partir avec Todd, tout tournait autour de Todd.
Je n'allais pas plier devant ça, voyons. Et je ne pouvais pas laisser Todd... La seule soluton pour moi était de partir avec lui. Et je le fis, sans mot, ni adresse. Ils pouvaient bien essayer de me chercher: revenir, c'était comme s'attacher soi-même avec des chaînes. Et il était avec moi, c'était ce qui comptait.

Il fallait bien trouver un endroit où séjourner non? "N'importe où suffirait!" clamait-elle tout le temps. Un taudis, une cabane, un hôtel. Peu importait. Elle n'était pas seule et ils n'étaient plus séparés par une règle d'éthique stupide. Les tourteraux finirent par arriver dans un hôtel appellé l'Hôtel Dusk. C'était mignon et pas très cher. Simple, tout pour que Todd y soit bien. Sans s'embêter de sa maladie. Sans se poser une seule question, Frances avait décidé qu'ils iraient ici, le temps de trouver une solution de rechange. Trois mois à vivre par-ci par-là, cela devenait insuportable. Frances repoussait chaque jours son départ de l'hôtel, chaque petites histoires étaient une raison suffisante pour ne pas partir, et puis, on s'y sentait bien ici... Et c'était peut-être mieux pour Todd... "Finalement, cet endroit est quand même VACHEMENT flippant, tu trouves pas...?"