" -Bonsoir M.Chase, je suis heureux de vous voir enfin dans mon bureau aprés avoir tant entendu parlé de vous.

- Oh on vous a parlé de moi ? Je suis touché, mais franchement ne croyez pas ce qu'on a pu vous dire, en réalité je ne suis pas si gentil que ça. Je sais on ne dirait pas en me voyant.

- Hum M.Chace veuillez vous asseoir je vous prie. Je suppose que vous savez que vous ai convoqué suite à de nombreuses plaintes de vos collègues concernant votre comportement. Vous voulez bien que l'on en parle ? "

Je me calais dans le fauteil que ce bon D. Astan m'indiquait, légèrement plus bas que le bureau, mes yeux n'arrivaient pas au niveau de ceux de mon interlocuteur. Si on ajoutait à cela l'emploi du terme "convoquer" le ton était donné, l'heure était à l'intimidation.

Je sentais que ça risquait d'être long, vraiment long.

" - Alors voyons, vos collègues vous définissent comme hautain, voire dédaigneux et oh ! même désagréable à ce que je peux lire. Vous pensez qu'ils ne vous jugent pas correctement n'est ce pas ?"

Au secours, du baratin de psy. Le truc ce n'est pas que je suis hautain ou quoique ce soit dans ce genre, mais les gens eh bien comment dire ? Je m'en fiche, voilà c'est exactement ça, ils me laissent totalement indifférent, au mieux. Ou alors ils m'insupportent carrément, leur bêtise, leur médiocrité, leurs petites vies insipides que veulent'ils que j'en fasse ?

Je suis censé être intéréssé quand un collègue vient me raconter que son gosse à fait ces premiers pas ? Hourra ! Quel évenement, il n'y en a que six milliards sur Terre qui ont déjà réussi, mais ça reste impressionant ! Evidemment on peut pas lui dire que ça s'appelle l'évolution et que son gosse n'a fait que prouver qu'il était bien un homo sapiens. Enfin normalement on ne peut pas dire ça.

" - Ca doit être parce que je ne recharge jamais la machine à café.

- C'est une machine à dosettes, donc je doute fort que ce soit la réponse adéquat, une autre idée peut-être ? "

Une machine à dosette ? Comment je suis censé le savoir ? Je ne me souviens même pas avoir mis les pieds dans la salle de repos. Dans une salle de repos on doit pouvoir se reposer, non ? Enfin si les gens étaient logiques et appliquaient la terminologie correcte, hors les gens se sont... les gens. Ils sont effrayés par le silence, se sentent obligés de combler le moindre vide par des paroles incessantes, se rendent ils seulement compte que la vacuité de leurs propos est plus grande encore que le vide du silence ? Honnêtement je ne pense pas, ils doîvent s'interdire d'y penser, ils ont simplement peur de ne pas exister, ils sont tellement vides qu'ils craignent que le silence ne les engloutisse.

" - Parce que je prends la première place de parking qui passe ?

- Vous venez à pieds il me semble ?

- Il faut bien que je range mes chaussures quelque part."

Mais ce que je déteste par dessus tout chez les gens c'est leur faiblesse. J'ai l'impression de les attirer, les faibles, les démunis, les incapables en fait. Tout leur fait peur, ce sont des moutons, ils se serrent les uns contres les autres pour se rassurer, et suivent aveuglément les ordres. Surtout ne pas s'écarter du chemin. C'est cet esprit grégaire que je deteste, c'est pour ça que je ne peux pas les supporter, malheureusement si vous avez le courage d'aller seul alors ils vous suivront comme de petits chiens perdus.

Evidemment au bout d'un moment j'ai fini par comprendre que les aider, les écouter ne servait à rien, vous croyez pouvoir les aider à s'envoler et ils s'accrochent comme des sangsues. Forcemment quand vous finissez par vous débarraser d'eux vous passez pour un monstre, un insensible froid et antipathique. Bon oui, c'est vrai et alors ?

Si les gens possédaient un minimum de bon sens ils comprendraient que la seule chose que je veux c'est qu'on me laisse tranquille, que je ne veux plus devoir écouter leurs plaintes, je ne veux plus avoir à réparer leurs erreurs, je ne veux plus supporter leur éttouffante hypochrisie. Mais non, ils s'imaginent que vous êtes malheureux parce que vous êtes hors du troupeau, alors ils essayent de vous aborder, encore.

En fait ils ont peur de moi, tout simplement, je ne fais pas partie du troupeau et je refuse de penser à leur place, je suis une singularité. Et moi je ne veux pas les approcher, la gentillesse j'ai donné c'est bon, je ne me referai pas piéger. En bref les gens et moi on est fait pour s'entendre.

" -Encore des blagues M. Chace, vous savez ce que je penses moi ? Je crois que toutes ces moqueries et cette froideur ne sont qu'une façade qui masque votre vulnérabilité. Au fond vous êtes quelqu'un de doux et sensible, j'en veux pour preuve que vous êtes médecin. En fait vous êtes même trop sensible et vous avez peur d'être trop vulnérable si vous vous ouvrez aux autres, c'est pour cela que vous les repoussez, oui peur M. Chace"

Non M. Astan, vous ne pensez pas, ce sont vos livres qui pensent. Dommage, essayez encore au lieu de sortir des hypotèses toutes faites. Ce sont eux qui ont peur, peur parce que je n'ai pas besoin d'eux. Parce que je refuse d'être ce que l'on attend de moi, je veux m'élever, la médecine je ne l'ai pas choisis par charité mais parce qu'elle me procure une position sociale confortable, au temps pour ceux qui me prenaient pour un altruiste qui ne s'assume pas. En fait j'avais tout pour finir en parfait mysanthrope égocentrique.

Heureusement que je l'ai croisée, Mandy. A première vue il peut sembler étrange que je me sois lié si étroitement avec une telle personne, mais dès l'instant où je l'ai vue, et aujourd'hui encore ça me parait si évident. Elle n'était pas comme les autres, elle aussi pouvait survivre seule, oui mais elle pose sans arrêt des questions et se montre collante des fois me dirais vous ? Certes, mais elle est sincère. Quand une personne vous demande " tu l'as trouvé comment ce film " comprenez " je dois en penser quoi ? ", mais pas elle, non, elle se soucis vraiment de ce que vous pensez, de ce que je pense.

J'ai parfaitement conscience qu'elle constitue une contradiction flagrante à mes convictions d'indépendance, mais si ça vous dérange je vous le dit clairement : je m'en fout. J'ai parfaitement conscience que je suis pas non plus exempte de défauts, loin de là, c'est juste que les défauts et les qualités ce ne sont rien de plus qu'une carte d'identité de l'être. Aprés vous jugez si il s'agit de défauts ou de qualités, moi je m'en fiche, tant que ça ne me concerne pas vous pouvez être aussi abjecte que vous voulez.

Alors d'aprés les critères admis par les moutons je suis un égoïste, eh oui... je ne pense pas à vous, je suis associal, juste parce que vous ne m'intérressez pas ? moqueur, oui je l'admet j'adore rire de vous, et je suis prêt à marcher sur toute personne qui se met sur mon chemin... En fait c'est simple je suis un loup, mais ça ils ne le comprendront jamais.

" - Oui en effet j'ai peur, peur de perdre mon temps.

- Je vous prirais de rester poli D.Chace

- Vous avez déjà oublié pourquoi je suis ici ? "

Les loups c'est la seconde catégorie de personne qui peuple cette belle planète. Et eux aussi ont besoin de vous, mais c'est pour dévorer qu'ils s'approchent, pour eux les règles, les lois c'est bon pour ceux qui se contentent de rester dans leur coin. Mais au nom de quoi devrait on se contenter d'être ce que l'on attend de nous ? Qu'est ce qui nous force à accepter les fers des conventions ? La force tout simplement, on nous les impose; La force de la loi, des règles, c'est la masse des gens. Tout se résume à un rapport de force.

On peut jouer avec à condition qu'on ne soit pas pris. Je me suis pas mal débrouillé jusqu'ici, je n'ai peut être pas été clean de bout en bout mais pas vu pas pris, c'est ça la vrai loi. Attention je ne suis pas un hors-la-loi non plus, je n'en ai jamais eu l'utilité, mais j'ai quelques coup bas à mon actif. J'èspere que Mandy ne sera jamais au courrant de ça. Je veux bien tout perdre, je m'en fiche, mais pas elle.

" -D. Astan si vous vous attendiez à un mea culpa sanglottant de ma part, vous vous êtes lourdement trompé. Je me fiche de ce que mes collègues pensent de moi. Si je vous dit ça c'est parce que je suis lassé d'entendre vos complaintes à mon égard, alors que ce soit claire une bonne fois pour toute, la différence entre vous et moi tient en un mot : l'hypochrisie. Arrêtez de faire semblant. A jamais, tout le plaisir à été pour moi.

- Je vous le confirme."

Mhh tout n'est peut être pas perdu pour ce type, enfin je m'en fiche. Elle est où cette machine à café au fait ?

Je suis né le 28 février 1981 à Albuquerque, chouette un gosse de plus sur Terre. Non je n'ai pas pensé ça en naissant, mais nul doute que le soir même ça devait me passer par la tête. Je suis né N°2, avec un grand frère nommé Joshua, Josh pour nous. Alors la place de n°2 pour faire simple c'est être le numéro 1 sauf que tu ne l'ai pas, on te compare sans arrêt, pour te dire que tu devrais faire mieux bien entendu.

En revanche ça ne t'empêche pas d'avoir toutes les sales besognes, on peut compter sur toi tu es n°1 bis, mais comme tu es moins important tu hérites de toutes les sales besognes. Oui j'en veux à Josh, mais vu qu'il me hait surement à l'heure qu'il est on peut dire qu'on est quitte. La preuve que les bon comptes ne font pas les bons amis.

Bon je digresse un peu là.

Et évidemment je suis à amèrindien, à moitié Anasazis, pour ceux qui se demanderaient quelle importance ça a, je les inviterais à essayer de s'insérer dans une société qui a massacré vos ancêtres, la moitié. Alors vous avez ceux qui pensent qu'on aurait du finir le travail, mais ils ne le diront jamais face à vous, ou alors sous une cagoule à la limite. Et il y a ceux qui se sentent coupable et prennent un air grave à chaque fois qu'ils vous parlent, ils sont moins nombreux mais je les supporte aussi moins bien. En tout cas vous aurez toujours droit à des coups d'oeuils en coins, bienvenue au zoo.

On habitait une maison qui avait dûe avoir du cachet avant la guerre d'indépendance, au bord du Rio Grande dans le NE, mais elle avait mal vieillie, vieillie tout court en fait comme toutes les autres maisons de la rue. A l'exception de la maison de Mr. Aleksandrov (il avait pris le nom de son épouse, étrange), enfin je dit la maison , il serait plus correcte de dire les maisons, le couple Aleksandrov avait racheté plusieurs maisons mitoyennes pour se bâtir une sorte de manoir qui détonnait carrément à côté de nos masures. Je détestais ce type.

Je pense que si il avait eu des enfants, j'ai toujours pensé qu'il en était incapable, je n'arrive pas à imaginer à quoi ils auraient pu ressembler, Dieu merci, donc si il avait eu des héritiers ils ne se seraient certainement pas retrouvés dans le même établissement que moi. J'ai toujours été un enfant taciturne et silencieux, mais là il n' y avait aucune chance que je sociabilise dans un endroit pareil. Menu du jour : au choix vous avez droit à des analphabètes qui ne savaient même pas écrire leur nom, ce n'était pas leur faute ils n'avaient pas étaient gatés au niveau social et avaient une scolarité assez chaotique, ou alors des caïds de cours de récrés, là encore ils n'ont pas eu de chance, ils auraient pu s'incarner en quelque chose de sensiblement plus intelligent, un hamster nain par exemple.

Et évidemment moi je ne passais pas inaperçu, d'une part parce que je refusait de goûter ma colle, activité qui semblait ô combien intéréssante pour mes camarades de classe et ô combien exaspérante pour l'infermière de l'école, d'autre part parce que je ne sais plus si je l'ai déjà dit mais je suis amérindien, à moitié. Bizarrement c'est la moitié que tout le monde remarque. Je passais donc des emmerdes à l'école aux emmerdes à la maison. Mon grand frère venait d'entrer au lycée malgrès des résultats médiocres, en attendant je ne le voyais guère, il préférait sortir avec des amis le soir plutôt que d'affronter l'atmosphère pesante de la maison.

Car oui d'heureux évènements avaient eu lieu entre temps, d'abord j'avais eu un nouveau frère puis une petite soeur, Thomas et Anna. Et ils étaient insupportables, avec à peine un an de différence entre eux ils semblaient être fait pour que chacun permette à l'autre de reprendre son souffle entre deux crises de hurlements, on avait donc droit à un concerto acapella non stop. Quelle joie, moi qui abhorre le bruit.

Ah oui ! mes parents avaient divorcés aussi. Mon père avait décidé d'aller voire un peu ailleur si on voulait bien de lui, comme Mr.Aleksandrov avec la serveuse du Adrian's, sauf que mon père s'était fait surprendre, exit donc. Ce n'était pas forcemment une grande perte, étant commercial on ne le voyais qu'un jour par semaine qu'il passait avachie dans le canapé. Je n'ai pas souvenir d'avoir partagé un seul vrai moment père/fils avec lui, nos relation se limitaient à une parodie d'affection, mais moi je n'ai jamais été souhaité, je suis un Josh-bis à ses yeux je pense. Si il s'occupe de l'un alors ça suffit, pas besoin de prêter attention au second.

C'était donc à moi de m'occuper de ma petite fratrie lorsque ma mère courrait d'un bout à l'autre de la vallé pour trouvé de petit jobs, de jour comme de nuit afin de joindre les deux bouts, et Josh pendant ce temps là continuait sa vie, redoublait puis ratait son diplôme, alors que la mienne commençait à lentement s'enliser et que sautais classe aprés classe.

Oui la vie est profondemment injuste, je perdais mon temps coincé entre quatres murs lézardés, condamné à rester ici alors que j'aurais pu m'envoler tellement plus haut, alors que mon imbécile de frère profitait de la vie. J'était dégouté, moi qui ne parlait guère mourrait d'envie de hurler ma rage, je voulais fuir, échapper à la médiocrité.

C'est là que le jour se fit dans mon esprit, on parle généralement d'une ampoule ou d'un éclair, moi il s'agissait d'un voile qui se déchire. Se voile c'était celui que l'on m'avait posé sur les yeux pour m'aveugler, je réalisais que je n'avais rien à fair ici, ce n'était pas ma place, ça ne l'avait jamais été. On ne m'avais jamais considéré, j'ai toujours été quantité négligeable, rien ne me retenait, on voulais juste me le faire croire, on voulais seulement se servire de moi. Je faisais les frais de leur incompétence. J'allais partir, le jour de mes 18 ans.

" - Bonjour Mr. Aleksandrov.
- Oh mais c'est le petit Mohilcom !"

Il partit d'un rire gras, je retenais mon envie de vomir, il était arrivé à faire un jeu de mot avec Mohican et Malcom, spirituel n'est ce pas ?

"-Qu'est ce que tu me veux gamin ?"

Il tira une longue bouffée sur sa cigarette avant de me recracher la fumée au visage, mes yeux me piquaient mais je ne scillait pas. Bientôt se serait autre chose qu'il cracherait. Je lui arrchait sa cigarette de la bouche et la portait à mes lèvres. C'était horrible mais ça eu le mérite de calmer mon apréhension.

"- Je veux que vous regardiez ces photos, ça vous rappel quelque chose ? Allons refermez votre bouche, vous me faites pitié. Je me suis laissé dire que si vous aviez pris le nom de votre épouse c'est pour une bonne raison. Je me demande à combien peut s'élever votre fortune personnelle, trois ou quatre dollars ? Car c'est de cela qu'il s'agit n'est ce pas ? D'argent, sinon pourquoi épouser une femme pareil ? Et que se passera t'il si elle voit ces photos ? Allons Mr.Aleksandrov, je suis sûr que vous avez un compte commun, pour l'instant tout du moins."

Je repartait sans les dîtes photos du Adrien's, en échange j'avais reçu une somme assez conséquente et une addiction au tabac dont je ne serais pas guérit de si tôt.

Je quittais cette ville pourrie et ressentie un profond soulagement en laissant les Sandias derriere moi, je me sentais libre, enfin libre.
Il ne me fallu que peut de réflexion pour choisir la voie qui me plaisait, la mèdecine me paraissait un trés bon choix, elle avait le mérite d'allier une forte position sociale à un salaire qui semblait assez confortable, je partais du principe que rien ne pourrait me résister et qu'avec de l'audace et un sens de la morale inexistant toutes les portes cèderaient. De l'audace, encore de l'audace, toujours de l'audace. Cela aurait pu être mon credo, mais je n'avait pas encore commencé mes cours de français.

Mon premier achat fut un costume, veste et chemise. Saugrenue ? Pas tant que ça, il s'agissait d'un investissement à long terme, car je n'avais aucun rente et ne souhaitais pas m'abaisser à être exploité pour un salaire de misère, je voulais devenir indépendant, être le loup, pas la proie.

Avec mon costume je pouvais passer pour un gosse de riche et parvenais à me glisser dans des clubs assez huppés, si ils avaient connus l'état de mes finances les videurs m'auraient jeté dehors manu militari. Une fois dans la place le principe est simple, reperez un type avec une alliance au doigts qui payes des verres à une jolie blonde. Revenez le lendemain, sympathisez avec lui pour apprendre son nom, son adresse. Le tour est joué, vous n'avez plus qu'a lui laisser sous entendre que vous avez des choses à montrer à sa femme, dans la panique il ne cherchera pas à savoir si vous bluffez.

Je remercie donc ces généreux mécènes qui ont payés mes études. J'ai fini par sortir de la fac dans les premiers de ma promotion, avec félicitations, et effectivement les portes s'ouvraient devant moi. Je décidais de rentrer dans un hôpital privé, le salaire bien sûr, et je me suis assez vite fait une réputation.
D'abord une sale réputation, celle d'un mec hautain et antipathique, puis celle d'un mèdecin compétent et malgrés son caractère associal tout de même fiable, on pouvais compter sur moi pour faire ma part de boulot, mais on pouvait toujours courrir pour faire celle des autres, à moins qu'on ne négocie les heures sup'. Bien entendu personne n'était au fait des petits arrangement pris avec le responsable marchandise à propos de quelques flacon de morphines. Ca se vend bien.

C'est dans cette atmosphère pétrit de joie et de camaraderie que je l'ai rencontrée.
Mandy Carlside, une jolie fille que j'avais déjà remarqué, un fait rare en soi, les gens se suivent et se ressemblent, mais elle, elle avait réussi à capter mon attention, quelque chose en elle, sa posture, son regard ses gestes dégagés me montraient d'elle ce qu'il y avait de plus important : elle aussi pouvait être indépendante.

" -D. Chace ? Je vous invite à dinner ce soir, 21h au restaurant chinois !"

Je n'ai rien dit, pour une fois 'était parce que je ne savais pas quoi dire, normalement j'aurai dû l'envoyer sur les roses, sans les pétales, juste avec les épines, le temps que j'atterisse elle était déjà repartit. La première pensée qui m'a traversé l'esprit c'était que ce genre de chose ne pouvais pas m'arriver, pas à moi, j'était trop... rationnel, trop dénué d'affecte pour ce genre de romance. La seconde, trop tardive, fut :

" -Je n'aime pas le chinois"

En revanche j'ai aimé la soirée, je devais me rendre à l'évidence, j'étais amoureux. Je décidais de rentrer dans l'ordre pour Mandy, j'utilisais le pass d'un collègue pour me rendre dans la réserve et subtiliser de la morphine. Il fut bien sûr accusé et on lui mit sur le dos le reste des vols, le responsable marchandise reçu un blâme pour négligence, il ne pouvait pas se défendre, sinon il aurait dû avouer sa participation à mon petit trafic. Mon collègue fut remercier séance tenante, une de ses réflèxions sur mes origines amèrindienne avait eu du mal à passer.

Je restais dans le droit chemin par la suite, nous nous mariâment dans les mois qui suivirent et Mandy garda son nom, bien entendu, toujours cette indépendance.
Nous sommes censé arriver demain à l'hôtel que nous avons réservé, mais la fatigue commence à se faire sentir, et je me refuse à continuer à faire route de nuit avec un temps pareil, la pluie martelle le toit dans un assourdisant bruit de tôle, et le tonnerre gronde sourdement en arrière plan, invisible et menaçant dans le ciel d'encre, on ne voit aucune étoile. Mes phares percent avec peine le rideau compact d'eau qui s'abat sur nous, quand les feux accrochent un panneau : Hotel Dusk.

" -On va s'arrêter ici et on repartira dès l'aube demain matin."