Si demain je meurs, aujourd’hui je voudrais libérer mon âme de ce fardeau. Mon premier objectif est de présenter au monde, simplement, succinctement, et sans commentaires, une série de simples événements domestiques. Dans leurs conséquences, ces événements m’ont terrifié, torturé, détruit. Je n’essaierai pourtant pas de les expliquer. Pour moi, ils n’ont été qu’horribles, pour beaucoup ils sembleront plus baroques qu’effrayants. Après, peut-être, il se trouvera des esprits qui réduiront mon fantasme à des choses ordinaires - des esprits plus calmes, plus logiques, et beaucoup moins excitables que le mien, qui percevront, dans les circonstances que je détaille avec effroi, rien de plus qu’une succession ordinaire de causes et d’effets très naturels. Edgar Allan Poe.La transformation d’Abygaïl Jeevas en Sceynt.La petite Abygaïl naquit un certain 14 février, jour de la Saint Valentin. Ses parents, comblés, firent envoyer un faire-part de naissance à tout leur entourage.
« Abygaïl, la petite dernière est née hier, le 14 février à 19h20 à l’hôpital général de Sydney ! Son frère, Chester et ses parents, James et Lucy sont très heureux de l’accueillir parmi eux ! »
Le bébé fut dorloté, adoré, vénéré. Son frère n’allait nulle part sans elle et ses parents se plaignaient à peine des pleurs de la petite, la nuit.
La petite à maintenant 7 ans. Ce n’est encore qu’une enfant, mais elle est déjà très développée. Elle commence à s’affirmer et souffre de l’éloignement de son frère, Chester, qui est en pleine adolescence. Petite brunette aux yeux bruns, presque rouges, banale et indécise.
Abby, maintenant presque ado, se rapprochait de son frère. Il la couvrait lorsqu’elle voulait sortir le soir et prenait les responsabilités des bêtises.
Un triste jour fut le 21 mars. La jeune Abby, alors âgée de 13 ans reçoit un sms de son frère alors qu’elle est en cours. « Rentre. »
Après avoir reçu ce texto de son frangin adoré, ni une ni deux, elle quitta le cours sous les véhémentes protestations du prof qui tenta tant bien que mal de la retenir. Elle se précipita chez elle. Chester l’attendait dans l’entrée.
« Papa est mort. »
Seul le silence accueillit cette phrase. Abby se précipita ensuite à l’intérieur et y trouva sa mère en pleurs sur la table de la cuisine. Et voici comment la famille Jeevas commença à se détruire. A cause d’un chauffard ivre qui provoqua le plus grand accident de voiture de Sydney. Ce jour-là, Abby se rendit avec Chester sur les lieux de l’accident. Tout ce qu’ils virent était désolation. Des camions couchés au sol, ce qu’ils contenaient renversé sur la route, des voitures de toutes les couleurs dedans. Et une au milieu. Une si familière. Cette image resta à jamais dans la mémoire d’Abygaïl Jeevas, comme imprimée dans son esprit.
Depuis ce tragique accident, tout à changé dans la vie d’Abygaïl et de Chester. Après la mort de leur père, James, leur mère, Lucy, trouva réconfort dans l’alcool qui ne la quitta plus jamais. Elle eu une aventure avec un homme qui l’abandonna lorsque Lucy accoucha d’une petite fille, nommée Aria. Lucy se remit donc à boire. Et n’ayant jamais appris à lire, il lui était impossible de vivre aux crochets de son mari comme avant. Chester atteignis rapidement sa majorité, ce qui lui permit de trouver plus rapidement un travail et subvenir aux besoins de ses deux sœurs et de sa mère, au chômage et ne sortant plus de la maison.
Abygaïl, elle, s’en sortait tant bien que mal. Elle avait 16 ans et allait bientôt atteindre la majorité. Elle s’occupait de sa petite sœur et tentait d’aider sa mère qui agissait comme une enfant. Et elle, pour noyer son chagrin, avait sombré dans la nicotine. Plus jamais son paquet de cigarettes ne la quittait. Son frère aussi s’y était mis. Une jeune adulte propulsée dans la vie. Elle prit un travail la nuit pour relayer à son frère qui s’occupait d’Aria et de sa mère. Pour arrondir ses fins de mois, Abygaïl s’était même lancée dans le trafic de drogues ; elle se faisait appeler Sceynt, là-dedans.
Un autre triste soir fut lorsqu’une transaction tourna mal. Ce genre d’affaire stressait toujours Abby mais elle restait sûre d’elle, avec une assurance hors du commun. Mais cette fois, ce n’était pas n’importe qui, qui venait lui prendre sa marchandise. Kinaï Lullaby, la fille d’un grand directeur hôtelier. Au début surprise, Sceynt ne fit aucune remarque, c’était sa vie après tout. Elle était venue avec ses gros bras, pour la protéger. La protéger de quoi, s’était dit la petite Jeevas. Qui, quand bien même elle était armée jusqu’au dents par de multiples armes cachées un peu partout sur elle, comme un poing américain, un revolver et plusieurs couteaux et seringues sur une petite ceinture de cuir accrochées à sa cuisse, elle ne risquait absolument rien. Voyons.
Mais Mlle Lullaby ne voyait pas les choses comme cela. Après avoir récupéré la marchandise, Sceynt réclama son payement. Elle ne se fit pas prier. Mlle Kinaï envoya ses gardes du corps sur la frêle petite trafiquante qui ne se fit pas prier pour riposter. Ce fut une effusion de sang, un carnage sans nom qu’aujourd’hui encore, Sceynt n’en comprend pas la source. Un instinct de survie surdéveloppé, peut-être. Lorsque Sceynt se jeta à corps perdu dans la poursuite de Lullaby, elle la poursuivit jusqu’à un des hôtels de son père, arme à la main, visage à découvert. C’est cette rage de tuer qui la conduirait au trou. Cette envie de vengeance.
« J’en ai besoin pour nourrir ma famille ! »
Sceynt finit par la retrouver sur le toit. Kinaï avait encore le sac plein de SA marchandise. Et de SON argent. Sceynt pointa le revolver sur elle, qui recula. Une main dans la poche, Sceynt soupira.
« Tu vas te casser un ongle. Reviens par ici. On peut régler ça facilement tu sais. (Elle baissa les yeux.) Ne me force pas à faire ça. »
Kinaï n’avait pas d’argent. Voilà le problème. Elle ne l’avait pas. Et elle n’avait pas vraiment le choix. Soudain une voix masculine vint interrompre les deux jeunes femmes. Tournant le regard, Sceynt apperçut Sean Backout, le petit ami de Kinaï Lullaby. Il lui somma de baisser son arme. Un réflexe purement sanguinaire fit tirer à Sceynt une balle dans la jambe du pauvre homme qui finit à genoux. Kinaï hurla. Le canon repartit vers elle.
Mais Kinaï n’était plus là.
Pensant que Sceynt avait tué son petit ami, Kinaï s’était jetée de 13 ème étage. Une bruit sourd et sanglant vint faire taire la ville jusqu’à ce qu’un cri déchire le silence. Sceynt n’était même plus elle-même. Une folie meurtrière l’avait prise. Elle qui était pourtant si douce. Elle fit tourner le revolver à son doigt, s’approchant de Sean qui hurlait à la mort. Sceynt se baissa devant lui et lui tira une balle dans le ventre. Ce témoin serait trop gênant.
La voix du jeune homme lâcha quelques insultes. Puis, Sceynt le prit dans ses bras :
« Je sais que c’est dur de perdre quelqu’un que tu aimes. Et c’est pour les gens que j’aime que je fais ça. Ne t’inquiètes pas, tu vas la rejoindre. »
Sceynt tira une seconde fois dans sa poitrine. Une troisième. Une quatrième. Elle y vida son chargeur de sang-froid. Puis, lâchant son précieux revolver sur le sol, elle entendit les sirènes de police approcher. Il était trop tard pour s’enfuir.
De toute façon, elle ne pouvait pas se cacher.
Alors, tout était fini.
Dossier 1209666-6288 A : Abygaïl Jeevas, dite Sceynt. Nom : Jeevas.
Prénom : Abygaïl.
Âge : 19 ans.
Réseau : Black Nine.
Pseudonyme : Sceynt.
Dangerosité : Lvl 9/10.
Accusations : Trafic de drogues, fraude, cruauté humaine et animale, obstruction à agent et enfin, meurtre avec préméditation.
Signes particulier : Les médecins pencheraient pour une schizophrénie paranoïaque.
Arrestation la nuit du 24 décembre à l’Hôtel Lullaby.
Accusée du meutre de Kinaï Lullaby et Sean Backout. D’autres faits peuvent être ajoutés au dossier, au fur et à mesure que l’enquête avance.
Condamnée à perpétuité à la prison d’Adélaïde.
CONDAMNEE ECHAPPEE. ETAT D’URGENCE DECRETE. « J’ai déjà quitté le pays, bande d’imbéciles. Et si la peine de mort y est encore en vigueur, je veux bien me faire tuer par mon frère. »
*
Sa compagne de chambre à la prison, elle la détestait. Elle s’appelait Sheila Swain. Elle avait été condamnée pour braquage et meurtre prémédité. Elle disait toujours qu’un jour elle s’enfuirait. C’était toujours ainsi. La routine. Sceynt ne trouvait même pas la prison comme une punition. Elle était logée, nourrie et abritée. Et bien qu’elle fut de nombreuses fois lynchées dans la cantine par ses camarades de prison, elle affichait une mine si neutre que l’on se demandait si elle avait bien commit les crimes dont elle était accusée.
Une seule pensée la hantait : Aria et Chester. Sceynt savait qu’elle avait déconné. Elle avait peut-être perdu toute crédibilité aux yeux de son cher frère, elle ne verrait plus sa tendre petite sœur qui venait d’apprendre à marcher. Lors du procès, l’avocat avait délibérément déballé sa vie à la cour, des moindres détails de ses problèmes familiaux et cela l’avait gênée mais il s’en était servi pour cause de ses actes et même cela, ça n’avait pas marché.
Alors, c’est Sceynt qui se débrouillerait pour sortir retrouver sa famille.
Oh. Ca à été tellement facile. Elle était restée 1 an et demi en prison, à chercher une idée. Et durant les derniers mois, un nouveau gardien était arrivé. Un adorable petit gardien. Un petit blond aux yeux bleus. Il était si gentil et si attaché à la petite Sceynt, (qu’il trouvait fort mignonne) qu’il en allait même jusqu’à lui donner la moitié de sa part de repas, le soir. Il faisait son tour de garde et ensuite, il allait devant la cellule Jeevas/Swain pour discuter avec Sceynt tandis que sa compagne de chambre dormait à poings fermés. Sceynt avait joué double jeu. Son but était de sortir de là, et séduire le gardien en lui racontant cette fameuse soirée du 24 décembre lui permettrait de prouver qu’elle était innocente. Mais malgré son intention de rester neutre, elle commença à s’attacher au gardien et se mit à penser que cela risquerai de lui faire perdre son boulot. Et c’est seulement lorsqu’elle commença à abandonner l’idée de se servir du gardien, qu’il décida de son propre chef de prendre le risque.
Lorsque Sheila dormait, un soir, le gardien s’approcha de la cellule, comme toujours. Mais cette fois, au lieu de rester devant à parler à Sceynt, il prit son passe partout et ouvrit la porte lentement. Féline, Sceynt sortit et il referma la porte derrière elle.
« Va. Je sais que tu peux y arriver. Ne m’oublie pas. »
C’était tout ce qu’il lui avait dit. Et Sceynt l’avait prit au mot. Elle était retournée chez elle, cachée par une capuche. Mais la maison avait été vendue.
« Ils étaient partis vivre une autre vie ailleurs. Tant mieux pour eux. Tu l’as méritée, Abygaïl. Alors pourquoi tu chiales ? » se disait-elle en permanence.
Elle retrouva son employeur, dans le Black Nine qui, prit d'affection pour elle, la transporta dans un avion privé nous le nom de Kaylinn Heartnet. Il la débarqua aux States, où il lui refourgua de faux papiers pour lui faire recommencer une nouvelle vie.
Errante, Sceynt à marché. Longuement. Puis elle à trouvé un hôtel. Elle était persuadée que personne ne la connaîtrait, ici. Sceynt franchit la porte d'entrée, mais elle ne savait pas qu'elle n'en ressortirait pas vivante. C'était peut-être ça, sa peine de mort. Elle fit sonner la cloche. C'était terminé pour de bon, cette fois.